Andres Serrano est un photographe qui a réécrit l'histoire de la scène culturelle américaine. Depuis quarante ans, son travail traite des questions sociales, de la sexualité, de l'intolérance raciale et des aspects les plus sombres de l'histoire américaine, ce qui lui vaut d'être à la fois admiré et détesté. Le débat au Sénat américain sur sa photographie la plus scandaleuse, Piss Christ, et sur d'autres œuvres controversées a soulevé des questions sur la liberté d'expression, l'autonomie artistique et les limites que le gouvernement devrait fixer lorsqu'il finance des projets artistiques. Ce schisme, connu sous le nom de "guerres culturelles", s'est poursuivi aux États-Unis tout au long des années 1990.
Serrano explore plusieurs sujets particulièrement délicats : dans sa série Infamous, il documente des objets et des produits qui ont des connotations racistes manifestes ou cachées, depuis les croix gammées et les représentations de lynchages jusqu'aux caricatures d'Afro-Américains sur les emballages de produits de consommation. Il dépeint des adeptes du Ku Klux Klan (Klan), des sans-abri du métro new-yorkais (Nomads) dont les visages ressemblent délibérément à des portraits de la Renaissance et des détails d'armes à feu (Objects of Desire). Une autre dimension de son travail est l'accent mis sur l'esthétique à une époque où la beauté dans l'art est souvent perçue comme quelque chose d'indésirable. Ce livre unique de plus de 140 photographies, qui fait suite à l'exposition du même nom, présente une vision de son travail non pas en cycles chronologiques fermés, mais dans un dialogue entre des photographies actuelles et des œuvres plus anciennes. Il propose également un essai de l'artiste, écrit spécialement pour l'occasion, ainsi qu'une étude et un commentaire d'expert du commissaire de l'exposition, Otto M. Urban.
