La Galerie Nathalie Obadia est heureuse de présenter la nouvelle série de huit peintures de l'artiste Guillaume Bresson. Il s'agit de sa cinquième exposition à la galerie depuis 2010.
Considéré comme l'une des figures de proue de la peinture figurative, l'artiste aujourd'hui installé à New York est connu pour la réalisation de scènes résolument contemporaines, réinvestissant un mode de représentation issu de la peinture classique, longtemps délaissé jusqu'au début du XXIe siècle. L'artiste fait ainsi naître une peinture d'histoire contemporaine en appliquant ce mode de reconstruction de la réalité à son époque. Architecte de mises en scène chorégraphiées, Guillaume Bresson a recours au langage corporel et au mouvement, autant de clés de lecture de sa peinture.
Le système d'élaboration des toiles de Guillaume Bresson reste inchangé : il commence par un travail préparatoire de séances de photographie avec modèles dans son atelier. Ceux-ci se prêtent ainsi à une mise en scène de leurs corps, proposant pour cette série des poses sur le thème de la chute, mouvements théâtralisés, qui ne sont pas sans évoquer les chutes des jugements dernier de la peinture religieuse. La suite de ce processus consiste en l'isolement des corps, que l'artiste détache pour les re-agencer en groupes, construisant ainsi ses tableaux dans lesquels les mêmes personnages peuvent se retrouver plusieurs fois.
Mais, à la différence de ses peintures au caractère social marqué, cette nouvelle série se libère des éléments architecturaux et des perspectives linéaires qui y servaient de repères. Ici, les personnages sans appui évoluent dans des milieux mouvants, vagues, nuages, ou se détachent sur un fond noir indéterminé, focalisant l'attention sur leur chute. Le traitement méticuleux de la peau, de l'anatomie est souligné par un jeu de clairs obscurs, qui se continue dans les plis des vêtements à demi enlevés. Plus que jamais dans l'œuvre de l'artiste, le physique des modèles est scruté sous tous les angles, avec un souci du détail qui n'oublie aucun muscle, plissement de peau, articulation ou contorsion des membres. Si les jeans et autres habits revêtus par ces personnages sont contemporains, le travail sur les plis évoque les draperies des peintures anciennes, oscillant entre le présent et l'intemporel par le jeu polysémique que permet la peinture.
En reprenant l'archétype du tableau de jugement dernier, un motif investi par des artistes allant de Giotto à Tintoret en passant par Michel Ange et Rubens, Guillaume Bresson interroge la fonction de ce trope de la représentation qui traverse les âges, depuis les scènes religieuses de la renaissance jusqu'aux grandes représentations dystopiques contemporaines. L'artiste met ainsi en parallèle cette théâtralisation avec des références cinématographiques de films apocalyptiques tels que 2012, Don't Look Up, Le Jour d'après, Impossible... où les peurs et angoisses liées à la fin du monde et aux catastrophes climatiques sont mises en scène de façon spectaculaire par Hollywood. Le lyrisme des poses des acteurs de Guillaume Bresson tisse un lien entre la scénarisation de ces films et les scènes de la peinture ancienne. Là encore, l'artiste interroge ces figures narratives, lieux communs qui semblent traverser le temps, de la peinture classique au blockbuster hollywoodien.
Si ces corps en perte de repères marquent une nouvelle direction dans l'œuvre de Guillaume Bresson, celui-ci ne se détache pas moins des questionnements sociétaux qui jalonnent ses tableaux. L'artiste prête ainsi son pinceau et sa compréhension des outils des grands maîtres à la représentation des problématiques du zeitgeist¹ : l'esprit de notre époque.
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¹terme emprunté à la philosophie allemande désignant le climat intellectuel et culturel d'une époque.