La Galerie Nathalie Obadia est heureuse de présenter Enfances, une exposition collective rassemblant les œuvres de dix-neuf artistes représentés par la galerie. Des photographies, des sculptures, des peintures, des dessins et des installations dialoguent autour d'un thème commun, l'enfance. Voilà que nous quittons progressivement le monde réel à mesure de notre déambulation, traversant des territoires hostiles et merveilleux.
Dans Le Peintre de la vie moderne (1863), Charles Baudelaire définit l'enfant comme "une créature de sensations" chez qui "la sensibilité occupe tout l'être". La plupart des artistes et des écrivains modernes s'inspirent du poète français, tentant de renouer avec la curiosité profonde et joyeuse de l'enfant. Pourtant, son statut social n'a pas toujours été celui d'aujourd'hui : les adultes n'ont cessé d'y projeter leurs idéologies, leurs fantasmes et visions du monde. Le regard que l'on pose sur l'enfant est ainsi profondément lié à l'époque dans lequel il s'inscrit. Ses représentations dans la peinture et dans la littérature témoignent de ses différentes évolutions.
Qu'est-ce donc être un enfant au XXe et XXIe siècle ? Comment les artistes contemporains s'emparent de ce sujet intemporel ? L'exposition Enfances baigne dans l'univers de ces vies de sensations. La figure de l'enfant apparaît seule ou en groupe, se dérobe mystérieuse, allant parfois jusqu'à se fragmenter sous le trait de l'artiste. Lorsqu'elle est absente, c'est tout un univers iconographique qui la remplace : des accessoires, peluches, poupées et autres jeux organisent ces royaumes de fantaisies, reflétant l'imaginaire sans limite de l'enfant.
L'enfance, c'est également le moment où l'on découvre le fait d'être au monde. La question du corps est omniprésente dans l'exposition. Les artistes explorent sa construction dans la diversité des paysages de notre époque actuelle - des mondes saturés par les écrans jusqu'aux territoires troublés par la pauvreté, la guerre et la violence. La question de l'identité, de la mémoire qui naît, de l'espace mental en pleine évolution est au cœur des préoccupations des artistes. Qu'est-ce qu'être jeune en Europe, en Asie, en Amérique, en Afrique et au Moyen-Orient aujourd'hui ? Comment trouver sa place dans le désordre du monde ? Ces différentes mises en scène saisissent subtilement la poésie du quotidien - parfois complexe - que traverse l'enfant aux quatre coins du monde.
Au-delà des voyages géographiques qu'elle propose, Enfances permet d'entrevoir des mondes inventés où le fantastique prospère. Cette plongée au cœur de l'enfance fait resurgir des souvenirs plus ou moins lointains. Dans ces univers réels ou rêvés, faits de créations hybrides et colorées, le spectateur touche du bout des yeux "le génie de l'enfance" c'est-à-dire "un génie pour lequel aucun aspect de la vie n'est émoussé"¹.
Enfances a été conçue sur une proposition de Maimiti Cazalis, Executive Director à la Galerie Nathalie Obadia.
Avec les œuvres de Brook Andrew, Valérie Belin, Carole Benzaken, Luc Delahaye, Patrick Faigenbaum, Roger-Edgar Gillet, Laura Henno, Fabrice Hyber, Seydou Keïta, Sophie Kuijken, Benoît Maire, Laure Prouvost, Antoine Renard, Sarkis, Andres Serrano, Joris Van de Moortel, Agnès Varda, Wang Keping et Jérôme Zonder.
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¹ Baudelaire Charles, Écrits sur l'art, Édition de Francis Moulinat, Le livre de Poche, 1992.