La Galerie Nathalie Obadia est heureuse de présenter Mettre les formes, une exposition collective de sculptures. À cette occasion, les œuvres de Guillaume Leblon, Benoît Maire, Rodrigo Matheus, Meuser, Shahpour Pouyan, Laure Prouvost, Antoine Renard, Sarkis et Jessica Stockholder, neuf artistes représentés par la galerie, ont été mises en dialogue avec celles de l'un des pionniers de la sculpture du 20e siècle : l'artiste britannique Anthony Caro.
Dans l'Approche écologique de la perception visuelle, James J. Gibson définit la sculpture comme un "arrangement persistant des surfaces les unes par rapport aux autres et par rapport au sol" ¹.
L'exposition Mettre les formes donne à voir une effervescence de surfaces - aux volumes, matériaux et textures extrêmement variés - faisant partie d'un même continuum : celui du dispositif sculptural. Malgré leurs disparités, ces vingt-cinq sculptures cohabitent dans un même espace pour raconter des récits par les formes et les matières, le temps d'une exposition.
Cette hétérogénéité s'explique d'abord par le caractère transgénérationnel de ce regroupement. Les possibilités de production et de fabrication de sculptures atteignent aujourd'hui un niveau presque illimité : quand certains artistes se situent dans une forme de continuité de la tradition sculpturale, en conservant les techniques anciennes de modelage, de moulage et d'assemblage de matériaux, d'autres s'en distinguent par une déclinaison originale des moyens utilisés. De différentes générations et de divers horizons, les artistes choisis ont eu recours à des moyens de fabrication très variés : ils utilisent tantôt des matériaux d'origine minérale (la pierre, le plâtre, l'argile mais aussi les métaux), d'origine organique (le bois, le végétal, la laine) ou parfois synthétiques. En conjuguant objets industriels et matières naturelles, approche manuelle, artisanale et manufacturée, ce rassemblement met en lumière toute la richesse et la complexité du dispositif sculptural.
Les sculptures d'Anthony Caro (1924-2013), faites de soudures et d'assemblages métalliques défiant les lois de l'équilibre, constituent un tournant radical dans l'art tridimensionnel. Dans l'espace d'exposition, les courbes abstraites des œuvres de l'artiste britannique se marient aux perspectives figuratives d'artistes contemporains de l'exposition. Inédites pour l'époque, les sculptures d'Anthony Caro s'incarnent presque comme la force motrice d'une totale liberté d'expression postérieure. Le visiteur déambule au sein d'un parcours fait de sculptures sur socle et à même le sol, où s'entrelacent jeux d'équilibre entre matériaux, proportions inégales, vides et pleins.
Par ces différentes expérimentations sur la matière, la couleur et l'espace, Mettre les formes propose un environnement dynamique et vivant : les sculptures exposées offrent ainsi des déclinaisons infinies, jouant des hybridations du monde et de ses métamorphoses.
¹ Gibson J.J., Approche écologique de la perception visuelle (1979), trad. Paris, Éd. du Dehors, 2014,p.458