La Galerie Nathalie Obadia est très heureuse de présenter la première exposition personnelle de Fiona Rae dans sa galerie à Bruxelles, après avoir fait l’objet de six expositions dans celles de Paris depuis le début de leur collaboration en 1994. L’artiste britannique est reconnue comme l’un des artistes peintres abstraits les plus importantes de sa génération sur la scène internationale.
Née en 1963 à Hong Kong, Fiona Rae suit initialement une formation au Croydon College of Art à Londres avant d’entrer au Goldsmiths College en 1984. L’artiste y rencontre Damien Hirst, Gary Hume et Sarah Lucas avec qui, entre autres, elle forme le groupe des Young British Artists (YBAs), incarnant la renaissance de la scène artistique britannique des années 1980 et 1990. Depuis plus de 30 ans, Fiona Rae élabore une œuvre au vocabulaire riche et complexe, capable à la fois de rendre hommage à l’histoire de l’art - l’artiste ne révoque pas la résonance Pop de certains motifs, ni l’influence d’une gestuelle propre à l’expressionnisme abstrait - tout en élaborant son propre langage visuel novateur, ancré dans notre contemporanéité.
L'exposition à la Galerie Nathalie Obadia de Bruxelles présente des peintures et des œuvres sur papier de 2015 à 2021, dont la plupart ont fait l’objet d’une exposition au Centre d’art La Malmaison à Cannes intitulée Fiona Rae, Messagère aux diverses couleurs / Many-Colour’d Messenger en 2021-2022. Cette sélection d’œuvres présentée à Bruxelles rend compte de l'évolution de son travail au cours des dernières années, un aperçu qui atteste de sa virtuosité picturale ainsi que de sa capacité à produire des images énigmatiques à l’expressivité vive.
L'exposition commence au premier étage de la galerie avec des peintures appartenant aux séries Greyscale, Figure et Pastel ; la disposition des œuvres révèle des variations chromatiques suivant une ascension dramatique du clair au sombre. Les coups de pinceau de Fiona Rae créent des figures féériques élusives et éthérées, des personnages de dessins animés qui évoluent dans des fonds plus ou moins sombres, évoquant des effets picturaux semblables à ceux de Photoshop, tout en restant résolument abstraits. Ces figures évanescentes témoignent de la recherche expérimentale de Fiona Rae sur les possibilités évocatrices et imaginatives inhérentes à l’abstraction.
Au deuxième étage de la galerie, des œuvres de la série la plus récente Word, de la série Abstract ainsi qu’une sélection d’œuvres sur papier sont présentées. Dans les peintures Abstract, Fiona Rae abandonne toute référence intentionnelle à la figuration, déclarant qu'elle n'a "aucune intention d'évoquer la figure humaine, ni de suggérer un paysage, encore moins une nature morte"¹. Les formes produites par les coups de pinceaux sont destinées à ne représenter qu'elles-mêmes. Cependant, l'impossibilité d'une abstraction "pure" et non-objective se manifeste par l’évocation inévitable de références ainsi que la suggestion d’un champ d’activités imaginaires palpable dans son œuvre.
Issues de la série Word, les deux toiles les plus récentes And nothing is but what is not (2021) et Yes I'm alone, but I'm alone and free (2021) mettent en scène leur titre sur la surface peinte. Les différentes formes produisent des lettres, des phrases aux degrés de clarté et de lisibilité variables, permettant de combiner les langages de l’art avec ceux de la littérature et de la culture populaire. Comme le mentionne Jean-Pierre Criqui, « ces mots ponctuent aussi la surface, dispersés, écartelés et transfigurés dans leur aspect en motifs - en personnages, allais-je écrire - de peinture »². Les références de Fiona Rae à Shakespeare, aux films et aux animations, à la poésie métaphysique et à la musique pop au sein d'un même groupe de peintures témoignent de la diversité des influences ponctuant son travail et soulignent également sa dimension profondément contemporaine.
¹ Traduit de l’anglais: “no intention of portraying the human figure, nor of implying a landscape, let alone a still life.”
² Jean-Pierre Criqui, Fiona Rae: Many-Colour’d Messenger / Messagère aux diverses couleurs, 2021, La Malmaison Cannes / Snoeck