La Galerie Nathalie est très heureuse de présenter Hommage à Shirley Jaffe. Cette exposition fait écho à la rétrospective intitulée Shirley Jaffe, Une Américaine à Paris que lui consacre le Centre Pompidou du 20 avril au 29 août 2022, qui partira au Kunstmuseum de Bâle (du 25 mars au 30 juillet 2023) puis au Musée Matisse de Nice (du 11 octobre 2023 au 8 janvier 2024).
Hommage à Shirley Jaffe présente un ensemble d'oeuvres sur papier de Shirley Jaffe, accrochées en regard d'oeuvres de Carole Benzaken, Pierre Buraglio, Robert Kushner, Bernard Piffaretti, Fiona Rae, Jessica Stockholder et Claude Viallat. L'exposition entreprend de célébrer la féconde amitié qui a lié Shirley Jaffe à ces artistes - parfois sur plusieurs décennies, en témoignant notamment de l'influence que son travail a pu produire sur les plus jeunes générations. Décédée en 2016, Shirley Jaffe a laissé une oeuvre dont l'empreinte est restée vive auprès d'artistes qui n'ont cessé d'estimer la justesse de ses compositions, l'intuition de sa palette colorée, la cohérence de son propos et la rigueur d'une vie obstinément dédiée à la peinture.
Dans la dernière année de son cursus aux Beaux-Arts de Paris, Carole Benzaken fait la connaissance de Shirley Jaffe à la faveur d'une invitation faite à l'artiste pour un cycle de rencontres. La libération de son ton couplé à l'extrême exigence dont Shirley Jaffe fait preuve marque profondément la jeune étudiante : un dialogue s'instaure dès lors entre les deux femmes de générations différentes. Grâce à Carole Benzaken qui mettra la Galerie Nathalie Obadia en relation avec Shirley Jaffe, une intense collaboration sera initiée dès 1999.
Si Pierre Buraglio rencontra Shirley Jaffe à la Galerie Jean Fournier, la bienveillance que l'artiste lui porta aussitôt dépassa ce cadre pour une sphère plus intime, où les fréquentes visites devinrent le terreau d'une conversation prolifique. « Ce qu'elle appréciait dans mon travail, c'était, j'en suis convaincu, un incontestable silence, une pauvreté des moyens recourus (...) » écrit Pierre Buraglio. Les Fenêtres, 1988-2009 et 1990-2014 se trouvent à cet endroit de leur affection.
Touché dès 1976 par une oeuvre qui le trouble, Bernard Piffaretti rencontre Shirley Jaffe en 1982, également par l'entremise de Jean Fournier. S'ensuivra un attachement complice et une proximité grandissante que nourrissent aussi des considérations partagées autour des questions de peindre. Les Sans Titres, 1989 et 2002 se font ici les témoins de cette estime, durable et réciproque.
Robert Kushner fait la connaissance de Shirley Jaffe à New York en 1975. Il en procède une fertile conversation transatlantique et une collaboration dont Kushner se fait l'artisan avec la galerie Holly Solomon qui soutient le Pattern & Decoration, dont il est l'un des membres fondateurs. Sans que la peinture de Shirley Jaffe ne soit apparentée à ce mouvement, il compte parmi ses soutiens les plus dévoués aux États-Unis - au titre de leur amitié comme de la prodigieuse estime en laquelle Robert Kushner tient son oeuvre.
L'intransigeance et la discipline de Shirley Jaffe forcent le respect et c'est par le biais de la peinture que Fiona Rae aborde son travail. Les « propositions et résolutions de problèmes visuels », les allusions, ruptures et complications, une mise sous tension, un équilibre sans cesse remis en question : tout concourt à convenir d'une maîtrise parfaite qui n'est pourtant pas la finalité recherchée. C'est davantage « une réalité à naître » que propose modestement Shirley Jaffe, une préoccupation qui épouse aussi les considérations de peintre de Fiona Rae, avec Untitled (orange, purple and green), 1995 et Rodéo, 2001.
Admirative de la qualité des compositions sans cesse renouvelées, des graphiques formes plates et des illusions d'espace de Shirley Jaffe, Jessica Stockholder est impressionnée par « son exploration de la relation entre la peinture et l'écriture », où elle voit « un dialogue à travers son utilisation de la ligne et du plan ». L'oeuvre #879 Carpet/rug Kathmandu, 2020 propose ici une réflexion sur l'image et la matérialité du tissage à travers des volumes que la lumière appréhende sans cesse différemment.
C'est une indéfectible amitié qui a lié Shirley Jaffe à Claude Viallat - fondateur du mouvement Supports/Surfaces, ici présent avec Sans titre n°101, 2020. La radicalité formelle à l'oeuvre dans leurs recherches exploratoires respectives et l'intégrité constante dans laquelle ils ont engagé leurs propositions artistiques ont façonné le grand respect qu'ils se sont mutuellement voués pendant plus de 50 ans.
Hommage à Shirley Jaffe a été conçu par Maimiti Cazalis, Executive Director à la Galerie Nathalie Obadia.
Publications
L'exposition Shirley Jaffe, Une Américaine à Paris est accompagnée d'un catalogue publié par Bernard Chauveau Édition en coédition avec le Centre Pompidou, réunissant des textes de Svetlana Alpers, Claudine Grammont et Frédéric Paul ainsi qu'une interview inédite par Robert Kushner.
Après les trois volumes respectivement consacrés à Martin Barré, Simon Hantaï et James Bishop, l'éditeur ER Publishing a fait paraître un Transatlantique - Shirley Jaffe rassemblant, selon la formule de la collection, essais et témoignages de Polly Apfelbaum, Pierre Buraglio, Alain Clément, Shirley Kaneda, Robert Kushner, Marielle Paul, Hugo Pernet, Bernard Pifaretti et Fiona Rae.