La Galerie Nathalie Obadia est heureuse de présenter 249 kilometers by 68 meters une exposition regroupant un ensemble d'œuvres récentes de Shahpour Pouyan. L'un des artistes les plus importants de la scène iranienne, Shahpour Pouyan, façonne une œuvre qui revisite les sites historiques, offrant une perspective critique de la culture perse et du climat politique contemporain.
Passant en revue trois corpus d'œuvres séminales, l'exposition se concentre sur la façon dont l'artiste envisage l'architecture comme un vecteur de pouvoir, qui exerce des influences à la fois positives et néfastes.
L'architecture a longtemps représenté un véritable choc esthétique pour Shahpour Pouyan, qui se souvient qu'elle était l'axe dans lequel les artistes iraniens canalisaient leur créativité, à une époque où la création artistique était étroitement contrôlée et où la sculpture était interdite par la théologie islamique. Inspiré par cette orientation de l'expression artistique à travers l'architecture, Pouyan consacre une grande partie de sa pratique à l'élaboration d'un vocabulaire de formes créées à partir d'un assemblage de constructions occidentales et iraniennes.
Ainsi, les Flying walls présentent des attributs tirés de différentes traditions architecturales, combinant à la fois des arcs romains, des tours de guet et des gargouilles, de même que des ornements persans. La référence au tableau de Sassetta de 1437, qui fait partie du Retable de Saint François, renvoie au motif du château de la cité céleste rêvée de Saint François d'Assise. Ainsi, le titre de l'exposition lie les œuvres avec les écritures bibliques, faisant allusion à la longueur et à la hauteur des murs qui entourent le paradis céleste selon la Bible et la révélation de Jean.
À l'inverse, ces murs dressés dans le ciel sur la toile évoquent pour l'artiste les discordes sociétales, faisant allusion aux fortifications que diverses civilisations ont érigées pour diviser les populations. Se référant à des styles allant de la période gothique aux époques romaine et perse, l'artiste évoque l'universalité et l'intemporalité de l'exclusion de «l'autre». Repensant le ciel et son symbolisme en tant que lieu de division, Shahpour Pouyan représente une atmosphère nuageuse avec des couches de peinture grise, contrastant avec les ornements détaillés des murs.
Mariant les traditions orientales et occidentales à travers des considérations esthétiques, Shahpour Pouyan les entrelace encore davantage par la conception même des œuvres. L'artiste commence effectivement à peindre avec des coups de pinceaux libres, appliquant la matière sur des toiles verticales, à la manière de la peinture occidentale, avant de les retirer du châssis et de les poser sur sa table pour y ajouter détails et décorations, suivant ainsi les traces des peintres perses traditionnels (miniaturistes).
Les Flying walls sont présentés en dialogue avec des reproductions de miniatures du Grand Mur de Gorgan, « rempart de fer » seulement surpassé en taille par la grande muraille de Chine, figurant dans des manuscrits du 18e siècle. L'artiste modifie les miniatures originales pour les dépouiller de leurs personnages, représentés à l'origine en train de construire le mur, afin de critiquer davantage son édification en le dépeignant comme une métaphore de la dissidence.
L'exposition est complétée par une touche d'optimisme, alors que des sculptures de phares nous guident vers un avenir plus prometteur. Facilitant le passage et dégageant les voies de navigation pour les vaisseaux en mer, ces phares deviennent des allégories de l'orientation et de la connaissance. Fusionnant des éléments de bâtiments futuristes, ces structures intrigantes réalisées dans des couleurs vives témoignent de la propension de l'artiste à créer des constructions complexes, amalgames d'architecture existante et d'un imaginaire nourri par une grande connaissance des sites historiques.