La 16e carte blanche contemporaine du Musée national des arts asiatiques - Guimet est confiée à l'artiste chinois Wang Keping, qui investit la rotonde du 4e étage et les collections permanentes chinoises. 21 sculptures en bois ou en bronze instaurent un dialogue avec les œuvres millénaires du musée.
Né en 1949 près de Pékin, Wang Keping est l'un des fondateurs de l'art contemporain chinois, en raison notamment du rôle clef qu'il a joué dans l'avant-garde artistique chinoise au cours des années 1970 et de son appartenance au mouvement des Étoiles. En quittant la Chine et en s'installant en France en 1984, il se retrouve libéré du poids de la censure ; la sculpture s'impose alors comme un langage à inventer, construisant un chemin résolument personnel, sans mettre en scène son héritage chinois. Il a développé depuis une œuvre virtuose qui explore toutes les possibilités du bois, reconnue internationalement comme l'une des contributions les plus importantes à la sculpture contemporaine.
Pour atteindre l'épure, Wang Keping se laisse avant tout guider par la nature. Du corps à corps avec le bois vont naître des formes essentielles constitutives de son œuvre : la féminité, l'animalité, le couple, le désir, la souffrance et la finitude. L'artiste cherche à « redonner au bois la vie, l'amour, les sentiments et la douceur ». Selon ses propres mots : « Les arbres sont comme des corps humains, avec des parties dures comme les os, des parties tendres comme la chair, parfois résistantes, parfois fragiles. Je ne peux aller contre elles. »
Pour le MNAAG, Wang Keping a choisi, pour la première fois, de travailler sur une essence exotique. La densité et la dimension des fourches d'acajou l'ont mis au défi d'inventer une nouvelle écoute, de nouveaux gestes. Wang Keping fait œuvre de patience pour libérer les formes et les sublimer. Il cherche dans cette nouvelle chair de bois à être encore plus simple, plus essentiel : deux courbes suggèrent une poitrine, une nuque délicate se dévoile sur le côté pour suggérer la féminité. À l'instar du calligraphe qu'il a été, il instaure un subtil dialogue entre le volume et la ligne, le vide et le plein. Le travail de la patine a lui aussi été ajusté : une fois calcinée et patinée par le noir du charbon, la matière rose pâle brute dévoile des rouges sombres et sublime le veinage du bois. Le polissage final permet à l'œuvre de capter la lumière, « comme si le bois devenait jade ou bronze ».
Les œuvres de Wang Keping sont présentées dans la rotonde du 4e étage, dans la salle d'archéologie chinoise au 1er étage et sur le palier dit « aux oiseaux », en dialogue avec les collections du musée. L'artiste, reconnu internationalement pour son langage sculptural singulier, offre au visiteur sa vision de l'harmonie avec la nature dans le respect de la philosophie taoïste, donnant à voir des œuvres au caractère universel : les femmes et les oiseaux expriment tour à tour la sensualité, l'érotisme, la fertilité, le masculin et le féminin.
Commissaires
Yannick Lintz, conservatrice générale du patrimoine, commissaire générale
Aline Wang, studio manager de Wang Keping
Claire Bettinelli, chargée de production des expositions et des collections contemporaines
Publication
Carte blanche à Wang Keping Une coédition MNAAG / RMN-GP
48 pages, 25 illustrations