Répondant à l'invitation du musée des Beaux-Arts de Bordeaux - qui convie régulièrement un/e artiste contemporain/e à porter un regard personnel sur ses collections - Valérie Belin propose Les visions silencieuses, une exposition monographique d'envergure organisée en partenariat avec la Galerie Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles).
L'exposition consacrée à cette artiste (née en 1964), considérée comme l'une des plus importantes de sa génération et comme l'une des rares représentantes de la photographie plasticienne, s'inscrit aussi dans le prolongement des expositions dédiées par le musée des Beaux-Arts aux artistes femmes, de l'artiste contemporaine Suzanne Lafont en 2018 à Rosa Bonheur en 2022.
Rassemblant une centaine de pièces couvrant toute la production de l'artiste, de la fin des années 1990 aux séries les plus récentes dont une inédite, l'exposition se déploie sur les deux sites du musée des Beaux-Arts, mettant en lumière la dimension singulière de son travail.
À la Galerie des Beaux-Arts, sont réunies les séries les plus emblématiques de l'artiste (Robes, Modèles II, Michael Jackson, Black Women, Mariées marocaines, Têtes couronnées, Still Life, Bouquets, Corbeilles de fruits, Intérieurs, Bodybuilders...) auxquelles s'ajoutent les plus récentes (Painted Ladies, Reflection, Modern Royals, All Star et Heroes) ainsi que cinq œuvres inédites issues de la nouvelle série intitulée Lady Stardust (2023).
Les nombreuses références de l'artiste à l'histoire de l'art, à travers les genres de la nature morte, du portrait, du nu ou du culte du corps, permettent un dialogue stimulant et inédit avec les collections bordelaises. Ainsi, dans les deux ailes du musée, onze photographies viennent converser avec les collections de peintures. Centré surtout sur le portrait féminin - sujet de prédilection de l'artiste -, le choix de ces correspondances repose sur des rapports avant tout formels.
Valérie Belin brouille ainsi les pistes entre réel et virtuel, nature et artifice, objets inanimés et êtres vivants, présence et absence, hyperréalisme et métaphore. L'artiste se plaît ainsi à dire qu'elle ne fait pas des « photographies d'objets » mais des « portraits d'objets », voyant en eux une « métaphore du corps traversé par la lumière ». Aux Bodybuilders, aux corps cabossés et huilés, répondent les carcasses métalliques des Voitures accidentées tandis que les Mannequins de vitrines semblent souvent plus humains que leurs doubles de chair.
Commissariat : Valérie Belin et Sophie Barthélémy, directrice du MusBA.