Laure Prouvost - Ohmmm age Oma je ohomma mam - Kunsthalle Wien

Kunsthalle Wien, Vienna, Austria 11 Mai - 1 Octobre 2023 

Une exposition conjointe de la Kunsthalle Wien et de Wiener Festwochen

Commissaire d'exposition : Carolina Nöbauer
Assistante du commissaire : Andrea Popelka

Les œuvres de Laure Prouvost stimulent les sens et l'imagination de ceux qui les voient. Au cours des deux dernières décennies, l'artiste (née en 1978 en France) a développé un vocabulaire audiovisuel inventif caractérisé par sa vivacité d'esprit, une qualité sensorielle singulière et un grand plaisir à jouer avec les malentendus et l'ambiguïté linguistique. Conçue conjointement par la Kunsthalle Wien et les Wiener Festwochen, Ohmmm age Oma je ohomma mama comprend une série d'œuvres créées spécialement pour l'occasion - dont un nouveau film - qui forment une installation multimédia à la fois expansive et immersive.

La pratique artistique multidimensionnelle de Laure Prouvost passe aisément d'un média à l'autre et d'une technique à l'autre, tout en se caractérisant par les aspects performatifs et narratifs de son geste. L'artiste travaille le film, la peinture, le son et la sculpture, utilisant notamment le verre, le textile, la céramique et des assemblages d'objets trouvés. Tous ces éléments convergent vers des mondes imaginatifs et des intrigues entremêlées.

Le titre à l'orthographe énigmatique Ohmmm age Oma je ohomma mama est un parfait exemple de l'utilisation astucieuse de la langue par Laure Prouvost. En jouant sur l'orthographe et la prononciation, il laisse miroiter les significations, en travaillant sur les consonances multilingues. Comme le titre le suggère quand il est prononcé à haute voix, il est question du beau geste d'hommage à l'oma, à la nana, à la grand-mère.

Dans son exploration de la figure même de la grand-mère, Laure Prouvost s'engage dans le concept d'origine et ses interprétations possibles, et dans un sens plus large, dans la construction de l'histoire dans sa transmission à travers les générations. C'est ainsi que l'exposition de Vienne commence à la recherche de ceux qui ont fait de nous ce que nous sommes capables d'être aujourd'hui. Nous découvrons une généalogie audacieusement inventée de "grands-mères" (une liste qui, bien sûr, ne peut jamais être considérée comme complète), allant de la figurine préhistorique connue sous le nom de "Vénus de Willendorf", à la peintre baroque Artemisia Gentileschi, en passant par la militante des droits civiques Rosa Parks, l'alpiniste Junko Tabei, la théoricienne Donna Haraway, la cinéaste Agnès Varda et la pionnière de la musique électronique Éliane Radigue, jusqu'aux grands-mères du commissaire, d'une voisine, d'une amie et du directeur de l'atelier.

Laure Prouvost, dont les œuvres soulignent généralement l'importance des relations interpersonnelles et des cellules familiales sous leurs diverses formes, utilise indifféremment des histoires de modèles intellectuels et de personnages historiques inspirants et des personnes qu'elle connaît personnellement ou qui jouent un rôle important dans son univers immédiat. Les réflexions subjectives de l'artiste sur leur importance sous-tendent le scénario de son nouveau film, Here Her Heart Hovers (2023, co-commandé par Remai Modern), et alimentent la narration de l'ensemble de l'exposition, dont le film est la pièce maîtresse. Le film suit un groupe de femmes* qui s'embarquent pour un voyage sur terre et dans le temps afin de transmettre les choses précieuses qu'elles portent en elles.

Mais l'histoire ne s'arrête pas à l'écran. Laure Prouvost nous invite à pénétrer dans une obscurité caverneuses, sensuelle qui - par le biais d’effets lumineux synchronysés étroitement entremêlés, de sons et de projections vidéo - évoque un lieu originel duquel tout semble avoir émergé. Son exposition fonctionne comme un rêve surréel où passé, présent et futur se dissolvent confusément : histoires, rencontres et souvenirs fugaces prolifèrent ici, se matérialisent en de multiples corps, voix et objets.

Dans Ohmmm age Oma je ohomma mama, Laure Prouvost tisse une généalogie étroitement liée dans laquelle les relations de parenté et l’écriture de l’histoire ne sont pas gravées dans la pierre mais persistent comme des choses fluides et malléables. L'exposition est dédiée aux ancêtres et aux précurseurs : ceux qui nous ont précédés, mais aussi les ancêtres et les précurseurs à venir. Prouvost nous invite à nous voir ensemble dans un monde interconnecté d'un Nous collectif. Un monde qui protège ce que les prédécesseurs ont laissé et qui, au fil des générations, veillera sur les incursions de ceux qui suivront.