Née en 1986 à Téhéran (Iran), Hoda Kashiha vit et travaille à Téhéran (Iran).
Diplômée en peinture de l'Université de Téhéran en 2009, Hoda Kashiha obtient son master à l'Université de Boston, aux États-Unis, en 2014. Elle reste aux États-Unis jusqu'en 2016 et bénéficie de plusieurs bourses d'étude, ce qui lui vaut de recevoir plusieurs distinctions telles que le MacDowell Colony Fellowship à Peterborough (États-Unis) et la Joan Mitchell Foundation Grant décernée par le Vermont Studio Center (États-Unis) en 2015, ainsi que l'Esther B. and Albert S. Kahn Career Entry Award de la Faculté de Beaux-Arts de l'Université́ de Boston (États-Unis) en 2014. Au cours de cette période, l'artiste adopte dans sa pratique figurative une approche narrative fragmentée, qui prend ainsi un tournant plus conceptuel et abstrait.
Hoda Kashiha aborde à travers ses œuvres des sujets culturellement sensibles dans le climat socio-politique complexe de son pays d'origine tels que l'identité, la féminité ou encore la question du genre. Des manifestations quotidiennes d'hostilité, d'opposition et de lutte qu'elle observe, naissent des œuvres métaphoriques sur toile pleines d'humour et de poésie, sources d'un imaginaire insolent et fragmenté passant constamment du réel au fantaisiste, de la figuration à l'abstraction.
Le dynamisme et les tensions qui animent ses sujets trouvent un écho formel dans les compositions et le langage visuel de l'artiste. Pour cette exposition, Hoda Kashiha propose un ensemble de quinze peintures à la narration non-linéaire dans lesquelles elle fragmente le plan pictural traditionnel par la juxtaposition et l'accumulation de plusieurs niveaux de collages. Cette approche permet à l'artiste de capter les émotions antagonistes de ses personnages fictifs : amour/haine, violence/paix, pouvoir/faiblesse, vie/mort.
Hoda Kashiha a pour habitude de réaliser plusieurs croquis préparatoires pour une œuvre, ce qui lui permet de saisir les différentes facettes d'un même sujet, mais aussi d'introduire de la discontinuité dans son récit, qu'elle peut alors transformer à loisir. Lors de cette étape, l'artiste expérimente des techniques à la fois traditionnelles et digitales, en associant notamment des collages de papiers découpés et des collages réalisés par le biais d'outils de peinture numérique.
Hoda Kashiha utilise souvent l'humour pour masquer la dureté des sujets qu'elle aborde, un mécanisme de défense bien connu des Iraniens qui leur permet d'endurer la situation politique et sociale de leur pays. Pour traiter le sujet épineux qu'est celui de l'émancipation des femmes, elle choisit de représenter de manière espiègle le corps féminin, jusque dans ses moindres détails. On y voit une femme exhiber fièrement et librement ses poils d'aisselle à un homme qui se pince le nez. C'est grâce à des représentations légères et fantaisistes comme celle-ci que l'artiste encourage à discuter ouvertement d'un grand nombre de sujets sensibles.
Considérée comme une figure émergente de la scène artistique contemporaine iranienne en pleine effervescence, Hoda Kashiha développe dans son travail une réflexion sur les paradoxes qui sous-tendent la construction politique et sociale de son pays natal, en élaborant un jeu constant entre le visible et l'invisible, entre ce qui est admis et ce qui doit être dissimulé. Elle crée des peintures colorées et audacieuses porteuses d'un message d'ouverture, de liberté et d'espoir.
Le travail de Hoda Kashiha a été largement exposé en Iran, aux États-Unis et en Europe lors d'expositions collectives telles que City Prince/sses. Dhaka, Lagos, Manila, Mexico City and Tehran au Palais de Tokyo à Paris (France, 2019) et Human Condition à l'ancien Metropolitan Medical Center de Los Angeles (États-Unis, 2016). En 2012, le travail de l'artiste est présenté pour la première fois en Belgique, à Tour & Taxis, à Bruxelles, lors d'une exposition collective de grande envergure intitulée Unexposed, consacrée à quarante femmes artistes appartenant à la jeune génération iranienne témoignant de leur influence grandissante dans les domaines sociaux, culturels et artistiques de leur pays. En 2022, Hoda Kashiha a bénéficié de sa première exposition monographique institutionnelle au Centre d'art contemporain Passerelle à Brest (France).
L'œuvre de Hoda Kashiha est présente dans les collections du Commonwealth Hotel de Boston (États-Unis) et du Howard Gotlieb Archival Research Center de Boston (États-Unis).